Le droit canonique

Interview donnée à l’institut Catholique de Paris en 2008


1/    Pourquoi avoir choisi le droit canonique ?

D’une part, mon évêque m’y a envoyé ! J’ai bien sûr donné mon avis et j’ai accepté cette mission de formation. Mais je tiens à souligner cela pour mettre en avant que des études, et tout particulièrement en Droit canonique, sont toujours un service d’Eglise. D’autre part, j’ai accepté cette mission avec joie car le Droit Canonique, je le crois, déploie ce service et cette mission de l’Eglise : être au service de la Vérité qu’est le Christ. Le Droit canonique permet justement, et à sa manière, de grandir toujours plus dans cette mission de Vérité. Aimer l’Eglise et vouloir la servir, c’est accepter de se conformer à la Vérité : s’y conformer soi-même, mais aussi aider les autres à s’y conformer. Le Droit canonique, me semble-t-il, n’a pas d’autre but que celui-là.

 

2/    Que pouvez-vous dire de vos études à l’Institut Catholique de Paris, et en particulier de vos études de droit canonique ?

Beaucoup de personnes me demandent souvent pourquoi l’Eglise a-t-elle un droit ? Comme toute « société organisée », l’Eglise s’est structurée aussi autour de règles. Ne faisons pas de l’angélisme ! Une société sans règle est une société où la loi du plus fort s’applique, malheureusement. Le droit a toujours été au service du plus faible.

De plus, le Droit canonique est une matière très intéressante car, me semble-t-il, elle se trouve au carrefour de toutes les autres disciplines ecclésiastiques. Lors de mes études au séminaire, j’ai eu la joie de travailler la théologie dogmatique ou spirituelle, la sacramentaire, la morale sociale, fondamentale ou familiale, l’ecclésiologie, la philosophie, l’histoire, etc. Le Droit canonique en est au carrefour : c’est très intéressant de voir combien toute la « science de l’Eglise » se concrétise et se prolonge en quelques sortes dans le droit, car il en est l’application concrète. Par exemple, prenez toute la « réglementation » au sujet du mariage, que ce soit avant, ou après, dans les procès de nullité. Que ce soit la théologie, la morale, voire la psychologie, toutes ces matières ont leur application dans cet immense champ qu’est le sacrement du mariage. nous voyons ainsi se développer la cohérence de l’Eglise et de son message.

Concernant l’ICP, il y a deux choses qui me touchent particulièrement : la première est cette attention des professeurs à « incarner » notre formation, même s’ils ont aussi le souci de l’ouvrir à d’autres dimensions. Nous étudions en France, à Paris : notre contexte n’est celui d’un autre pays. Etre au service de l’Eglise passe par le service d’une Eglise particulière. Nous apprenons ainsi à mieux connaître cette situation et cette Eglise.

 

3/       Quel peut être, selon vous, l’apport du droit canonique dans votre ministère ?

Pour le moment, le Droit Canonique m’aide à toujours être plus précis dans l’accueil des personnes. Le plus grand cadeau que l’on peut faire avec les personnes que l’on reçoit est celui de la Vérité. Une personne ne se construit que dans la vérité : sur elle-même, dans sa relation au monde, et dans sa relation à Dieu. Le droit, de manière générale, permet d’objectiver un certain nombre de choses, et d’aider les personnes à être en vérité avec elle-même et avec l’Eglise. Le rôle du Pasteur est d’aider justement les personnes à cheminer en ce sens. Le piège serait de se laisser aller au subjectivisme.

Le Droit canonique ouvre un chemin dont le 1er but est le salut des personnes, comme le dit la finale du Code : « sans perdre de vue le salut des âmes qui doit toujours être dans l’Eglise la loi suprême. » (c.1752). En rien, le droit n’est déconnecté de ce but 1er, même si évidemment on pourra toujours trouver des améliorations. C’est justement le but des études et des recherches canoniques.