L’humour a ses raisons que la raison ne connait pas …
… disait … quelqu’un ! Le drame qui s’est déroulé en Grande-Bretagne la semaine dernière est passé quelque peu inaperçu en France et pourtant il interroge.
Je vous résume l’histoire (cf. certains articles de presse) : Kate, la femme du Prince William, fut hospitalisée la semaine dernière pour des nausées dues à sa grossesse. Un duo d’animateurs de radio appelle l’hôpital, depuis l’Australie, en se faisant passer pour la Reine Élisabeth et le prince Charles, qui veulent prendre des nouvelles de leur « petite-fille » et belle-fille. Le service, surpris, donne quelques informations – confidentielles, normalement, mais qui n’aurait pas réagi de la sorte ? – sur l’état de santé de la Princesse. Le canular diffusé à la radio mit bien dans l’embarras l’hôpital, la famille royale et, bien évidemment l’une des pauvres infirmières qui s’est fait avoir.
Fragile sans doute, cette dernière s’est suicidée, ne supportant plus d’être la risée des médias et d’avoir mis sa hiérarchie dans l’embarras.
Le duo de la radio a été mis à pied et les deux animateurs pleurent leur peine et leur regret. Mais voilà : c’est trop tard.
Certes l’humour a ses raisons, mais trop souvent, il méconnaît la raison, c’est-à-dire « être raisonnable ». Depuis longtemps des voix se lèvent pour dire qu’on ne peut pas plaisanter n’importe comment, rire de tout et de tout le monde, qu’on ne peut pas se moquer de tout sans conséquence ; et que l’humour, s’il n’est pas dans le respect des personnes et des plus fragiles, se retrouve vite dans des chemins de déviance.
On me dira que ces journalistes ne savaient évidemment pas la fragilité de l’infirmière. Bien évidemment ! Mais justement : l’honnêteté intellectuelle, un peu de jugeote, beaucoup de finesse, mais qui plus est la charité, tout ceci doit être la base de toutes nos considérations quand on fait attention à l’autre (au sens noble du terme) et que l’on essaie d’envisager toutes les solutions possibles. Les journalistes et humoristes n’en sont pas exempts !
Depuis des années, l’humour médiatique a obtenu tous les droits, sans devoirs, sans contreparties. Des « Guignols de l’info » aux canulars téléphoniques les plus sordides ou outranciers, nos médias sont dans une course effrénée à la vulgarité ; course dans laquelle le vainqueur sera celui qui repoussera le plus loin les bornes de l’acceptable. Et le remettre en cause, c’est bien évidemment remettre en cause cette sacro-sainte liberté dont une poignée se targue pour tout faire, tout dire, dans la plus grande impunité et dans le mépris total des règles les plus élémentaires du savoir-vivre ensemble et de la charité.
Mais savons-nous que derrière ces canulars, ces caricatures, ces imitations, il y a toujours des hommes et des femmes, tous et toutes publics certes, mais aussi avec des familles et des enfants qui voient leurs parents et amis lynchés par la vindicte populaire ?
Cette infirmière avait deux enfants : que leur dirons-nous maintenant ? « Que leur maman s’est donné la mort à cause de deux animateurs de radio, adolescents et immatures, après avoir amusé la galerie ! » Et pardon de le dire aussi brutalement.
Les médias connaissent aujourd’hui de vraies déviances. Mais il nous revient de ne pas y participer : nous ne pouvons pas tout voir et tout regarder ; nous ne pouvons pas constamment cautionner ! Où sont les vrais humoristes, ceux qui nous feront rire non pas en moquant des plus fragiles, des hommes publics et politiques, du fait religieux quel qu’il soit, mais en trouvant d’autres sujets que des hommes et des femmes que cette moquerie atteindra toujours d’une manière ou d’une autre ?
Il est toujours plus facile de rester bien assis dans son fauteuil – ou d’être protégé confortablement derrière son micro de radio ou de télé – en se moquant des autres que de se lever pour se regarder dans une glace, voir ses propres défauts, et de savoir en rire !
Pourtant une béatitude nous l’enseigne : « Heureux celui qui sait se moquer de lui-même : il n’a pas fini de se marrer ! »
P. Cédric Burgun
agilistic
11 décembre 2012 -
la fonction primaire d’un « humoriste » (je desteste ce mot qui ne veut rien dire et signifiant pejorativement ‘comique’ ) est de faire sourire les gens, les distraires, les sortir de leur quotidien morose ou monotone pendant un moment.
certes beaucoup vont tres loin, il y a beaucoup de formes d’humour : du tres vulgaire au raffiné. du quotidien au politique. du solo au comique de groupes.
la liberté d’expression existe dans notre pays, certes. mais il ne faut pas oublier que dans notre société ( francaise, dans notre cas), la pensée unqiue est de rigueur, et elle revient au galop.
les gens ne doivent plus penser par eux mêmes, mais doivent penser comme on leur dit de faire. par les medias,par les lois (stupides) que ces cancers d’associations diverses font voter, par les regles de société qui changent.
Les comiques ont, par leur statut, leur notoriété, plus de facilité à demontrer les travers de notre société via la liberté d’expression. ils peuvent se permettre sous couvert du comique de dire des choses que le quidam lambda ne pourrait pas, sous peine de se coltiner un procès.
ils sont à l’heure actuelle, un rempart, je dirais même un peu qu’ils sont les lumieres du 19e siecle, les montesquie, voltaire, diderot et beaumarchais d’aujourd’hui.
seulement, beaucoup se lancent dans le metier parcequ’ils font rire leurs amis.. et malheureusement, seulement leurs amis.
le probleme ne vient donc pas de la liberté d’expression, mais d’une partie de ceux qui l’utilisent. beaucoup trop d’humoristes rageux sont mis devant les projecteurs en n’apportant aucujn eclairage, mais comme pretexte pour faire passer leurs idées politiques, culturelles ou artistiques sans aucun fondement. juste en se moquant des travers d’une personne. que cela se fasse 1 ou 2 fois, ca passe, mais tres (trop?) souvent, c’est de l’acharnement, pas du comique.
cependant, les politicien(ne)s ne sont pas non plus des anges, et il est normal de s’en moquer par moments, ca les remet un peu en place.
bref, je suis totalement pour la liberté d’expression. si elle va trop loin pour certains, c’est aussi que notre société va trop loin, que la rigueur revient en force.
les humoristes sont egalement un reflet de notre société qu’on ne veut pas forcement voir..
P. Vianney +
11 décembre 2012 -
Je ne crois pas me tromper en affirmant que Raymond Devos, qui était un vrai humoriste, se demandait toujours, devant tel trait d’humour ou tel gag qui lui venait à l’esprit : « Est-ce que cela peut blesser quelqu’un ? »
En cas de réponse positive, il préférait ne pas le faire en spectacle.
Résultat : d’excellents sketchs de haute volée (voltige, aussi) qui font partie d’une vraie culture de la vraie langue française, à la portée des plus petits comme des plus grands.
Cela n’étonnera personne si je précise que Raymond Devos était chrétien… coïncidence, croyez-vous ? 🙂