Petite introduction à la Pentecôte …
5 juin, 2014   //   Par :   //   billets, eglise, droit canonique   //   1 commentaire   //   5861 Vues

Nous voilà arrivés, à l’invitation de Dieu même, à la fin de ce temps pascal. Voilà 90 jours (40 jours de carême et 50 jours de temps pascal) que nous cheminons depuis ce fameux mercredi des Cendres où nous avons entendu le prêtre nous dire « convertis-toi et crois à l’évangile ! ». Ne nous y trompons pas : c’est Dieu qui est l’initiative de ces jours. Même si nous avons fait toute cette route, ce long chemin pour arriver jusqu’à ce jour, c’est bien, avant tout, Dieu, Père, Fils et Esprit, qui vient nous rencontrer. Saurons-nous accueillir l’Esprit ce dimanche ?

Ce n’est pas si évident … Par expérience, je sais qu’un temps pascal « file » vite et que la fête de la Pentecôte qui ne dure qu’un instant peut vite s’envoler sans qu’on s’y attarde. Je ne dis pas cela pour nous faire peur, mais pour nous donner quelques repères, pour bien vivre ce temps qui ne durera qu’un temps. Ne passons pas à côté ! D’autant plus que nous ne sommes plus qu’à trois jours de la Pentecôte. Pour que Dieu nous parle, il faut en tout premier lieu notre acceptation et c’est bien de ce côté que l’on peut avoir le plus de difficultés.

Voici quelques points de repère … Le premier, c’est l’accueil de Dieu et de l’inattendu de Dieu ! Dieu sait bien nous surprendre. Mais il faut lui laisser l’initiative. Souvenons-nous d’Élie …

« Là, Elie entra dans une caverne et y passa la nuit. Et voici que la parole du Seigneur lui fut adressée. Il lui dit : « Que fais-tu là, Élie ? » Il répondit : « J’éprouve une ardeur jalouse pour toi, Seigneur, Dieu de l’univers. Les fils d’Israël ont abandonné ton Alliance, renversé tes autels, et tué tes prophètes par l’épée ; moi, je suis le seul à être resté et ils cherchent à prendre ma vie. » Le Seigneur dit : « Sors et tiens-toi sur la montagne devant le Seigneur, car il va passer. » À l’approche du Seigneur, il y eut un ouragan, si fort et si violent qu’il fendait les montagnes et brisait les rochers, mais le Seigneur n’était pas dans l’ouragan ; et après l’ouragan, il y eut un tremblement de terre, mais le Seigneur n’était pas dans le tremblement de terre ; et après ce tremblement de terre, un feu, mais le Seigneur n’était pas dans ce feu ; et après ce feu, le murmure d’une brise légère. Aussitôt qu’il l’entendit, Élie se couvrit le visage avec son manteau, il sortit et se tint à l’entrée de la caverne. Alors il entendit une voix qui disait : « Que fais-tu là, Élie ? » (1 R 19, 9-13) »

En ces jours, je nous invite donc à reprendre ce texte, pour bien entrer dans la joie de cette Pentecôte. Ce texte correspond quelque peu à ce que nous allons vivre. D’abord, il y a le déplacement d’Élie, qui vient rencontrer Dieu : il se met dans une grotte, à l’écart. C’est ce que nous avons à vivre. Maintenant, là, Dieu nous pose à tous cette question : « Que fais-tu ici ? »

Élie donne alors à sa réponse à Dieu, comme nous avons à la donner à l’Esprit Saint. A chacun de trouver la nôtre … Regardons ce que dit Dieu. Lui donne-t-il une réponse ? Non. « Sors et tiens-toi dans la montagne devant le Seigneur. » Le Seigneur invite Élie à un déplacement. Faudrait-il encore bouger ? Il faut sortir de soi-même, accepter de se déposséder, de se déposer devant Dieu et lui laisser l’initiative. Dieu parle au cœur de chacun d’entre nous, il n’a jamais cessé de parler au cœur de l’homme, aussi pécheur fût-il. Il lui parle, l’accompagne ; et Il l’aime ! Acceptons de nous poser devant Dieu, de nous laisser regarder par Lui. Il nous connaît mieux que nous-mêmes, mais il n’attend que notre oui, comme il a attendu celui de Marie. Car Dieu prend ce risque. Disons-lui notre oui, dimanche … pas le « oui » d’hier, celui qu’on a déjà l’impression d’avoir donné ! …Pas le « oui » de demain en se disant « cette année, je ne sais pas … je ne me sens pas en forme … je ne sais pas trop … » Non ! le « oui » de maintenant, là, tout de suite ! Dieu nous attend sur-le-champ ! Dieu, jour après jour, attend que nous lui disions ce « oui ». Et si des fois nous avions quelques difficultés, demandons à Marie de nous aider. C’est celle qui a dit oui la première. Comme une mère, elle veut bien nous apprendre à dire ce « oui ».

Un deuxième point de repère serait le silence. Pourquoi ? Dieu se dit-il dans l’ouragan ? dans le tremblement de terre ? Que serait-ce cet ouragan si ce n’est le bruit de nos vies … le bruit du travail qui nous occupe tout légitimement l’esprit. C’est le bruit de la musique qui va combler nos moments de solitude que nous pouvons avoir. C’est le bruit des soucis qui nous préoccupent, etc. Alors, je ne dis pas que Dieu n’est pas dans tout cela ! Au contraire, il est aussi dans nos moments de solitudes, avec ou sans musiques, il est dans nos travaux, nos soucis. Ste Thérèse d’Avila disait même, il me semble, qu’elle voyait Dieu dans les assiettes à la vaisselle. Et c’est vrai ! Dieu nous accompagne jusque dans les plus petites tâches de nos vies quotidiennes ! Mais là, il ne veut pas nous y rencontrer. C’est dans la brise légère, que Dieu se montre à Élie. Pour nous, c’est dans le silence de cette Pentecôte que l’Esprit Saint se manifestera le plus. Et sa première question sera comme pour Élie : Dieu renouvèle sa demande : « Que fais-tu ici ? »

Entrons dès maintenant en dialogue avec Dieu et disons-lui notre attente. Pourquoi sommes-nous à cette fête de Pentecôte ? Que ferons-nous ici ? Peut-être arriverons-nous avec des questions, des attentes … peut-être pas. Mais disons-lui. N’ayons pas peur de tout lui dire !

« Seigneur, me voici devant toi, ce soir. J’arrive les mains vides et les mains pleines. Les mains vides parce que j’attends tout de Toi. Toi seul peux me combler, et comme un enfant, je veux tout attendre de Ton amour. Mais j’arrive aussi les mains pleines … pleines de mes questions, de mes joies, de mes peines, de mes soucis. J’arrive les mains pleines de ma vie. Apprends-moi Seigneur, à déposer tout cela à tes pieds. Si j’arrive près de toi les mains pleines, mais que je ne dépose rien, comment pourrais-je encore accueillir ce que Ta grâce veut me donner ? Apprends-moi, Seigneur, à faire comme Élie. A me couvrir le visage, pour ne plus rien percevoir d’autre que Ta présence. Élie s’est couvert le visage pour ne plus rien voir … Tu étais dans la brise légère : il n’entendait plus rien que le silence … Il ne voyait plus, n’entendait plus … que Toi ! Je veux être comme Élie ! Te rencontrer durant cette fête de Pentecôte, vivre avec Toi ce temps et accueillir tout de Toi, les mains grandes ouvertes, comme quand j’accueille ton Fils qui se donne au creux de mes mains, dans l’Eucharistie. »

C’est dans le silence que Dieu parle, aussi paradoxal que cela puisse paraître. Souvent, dans l’oraison par exemple, c’est dans notre silence et notre vide, au cœur même de nos distractions, que le Seigneur vient. C’est dans nos plus grands déserts que le Seigneur se révèle en profondeur. C’est ainsi que le Seigneur a mis à l’écart Élie. C’est dans la solitude, le silence qu’on expérimente le mieux nos faiblesses, notre petitesse, etc. Et quand on se reconnaît petit, alors on accueille bien mieux la grandeur de notre Dieu. Plus on se fait petit, vide devant Dieu, plus il a la place d’habiter en nous. C’est là qu’intervient le silence : arrivons en silence devant Dieu. Pas d’abord en venant lui dire telle ou telle chose, mais en écoutant Sa Parole. Faisons-nous le plus pauvre possible ! Faisons-nous pauvre dans la prière, petit, humble, vide … et d’une parole, Dieu peut vous consacrer dans l’Esprit Saint, témoin de cette Bonne Nouvelle. Souvenez-vous de ce qu’on dit à la messe avant de communier : « Seigneur, je ne suis pas digne de te recevoir, mais dis seulement une parole, et je serai guéri ! » En une parole. Il n’a pas besoin de plus … en un mot il a fait la terre et les cieux ! en un mot, il a pardonné la femme pécheresse ! en un mot il descend sur nos autels … alors vous pensez bien que nous, en un mot, il nous transforme … laissons-le faire ! Et faisons silence pour écouter ce mot.

Le dernier point de repère sera la prière … La Pentecôte, ce n’est pas d’abord la finale d’un parcours. Ce n’est pas non plus la validation d’un parcours théologique que l’on aurait pu faire durant ces jours ! C’est faire cette expérience de connaître Dieu, d’être engagé avec lui sur une même route, bref, vivre avec Lui un compagnonnage … C’est dire « oui » tout simplement. Comme Marie. Et on ne peut dire « Abba » que sous l’action de l’Esprit. Recevoir l’Esprit, pleinement, entièrement, c’est en profondeur le laisser crier « Abba » en nous ! Et pour cela, pour accueillir cette paternité de Dieu dans nos vies, il n’y a qu’un seul et unique chemin : la prière.

Ce sont quelques points de repère rapides. Mais je peux finir par une promesse : au cœur de nos existences et de nos vies, de Pentecôte en Pentecôte, Dieu se révèle. Et nous le rencontrerons, si nous lui laissons quelque peu l’initiative.

Père Cédric Burgun

1 commentaire pour “Petite introduction à la Pentecôte …”
  • Choshow
    6 juin 2014 -

    Merci beaucoup pour ces rappels.
    Ca fait toujours du bien de les entendre à nouveau. On a si tôt fait de les oublier…